LA CUISSON DE L’ARGILE

L’argile chamottée est une pâte argileuse à laquelle on a ajouté de la chamotte — de l’argile préalablement cuite à très haute température (entre 1 400 et 1 600 °C), puis broyée et tamisée.

Cette addition modifie profondément le comportement de la pâte :

Réduction du retrait au séchage et à la cuisson Amélioration de la perméabilité, facilitant l’évacuation de l’eau et des gaz Renforcement mécanique après cuisson Texture esthétique recherchée en sculpture et en grès texturé

Pourquoi la chamotte change la cuisson ?

La présence de grains inertes dans la pâte agit comme un “squelette” qui limite les tensions internes. 
Cela permet :
- De cuire des pièces plus volumineuses sans fissures
- De supporter des chocs thermiques plus importants (utile pour le raku ou les pièces réfractaires)
- De travailler avec des formes plus audacieuses, car la pâte tient mieux pendant le façonnage


1. Séchage complet

Avant toute cuisson, la pièce doit être parfaitement sèche. L’humidité résiduelle est l’ennemi numéro un : elle provoque des éclatements lors de la montée en température.
Astuce : laissez sécher lentement, à l’abri des courants d’air, surtout pour les pièces épaisses.


2. Première cuisson (dégourdi ou biscuit)

Température : généralement entre 900 et 1 000 °C
Objectif : éliminer l’eau chimique et consolider la pièce tout en la laissant poreuse pour l’émaillage
Montée en température : lente jusqu’à 600 °C pour éviter les chocs liés à la vapeur d’eau


3. Seconde cuisson (émaillage ou cuisson finale)

Température : dépend du type d’argile et de l’émail, souvent entre 1 200 et 1 300 °C pour les grès chamottés
Atmosphère : oxydante ou réductrice selon l’effet recherché
Rôle de la chamotte : elle reste stable et empêche les déformations, même à haute température


Effets esthétiques et textures

La chamotte apporte un grain visible qui peut être mis en valeur :
En laissant des zones non émaillées pour un contraste brut/brillant
En jouant sur la granulométrie : fine pour un toucher subtil, grosse pour un effet rustique et sculptural

Erreurs fréquentes à éviter

Cuire trop vite au début → fissures ou éclatements
Utiliser une chamotte trop grossière pour des pièces fines → surface rugueuse non désirée
Négliger le séchage complet → risque de destruction dans le fou

En résumé

La cuisson de l’argile chamottée est plus tolérante que celle d’une pâte lisse, mais elle exige tout de même rigueur et patience. Sa résistance mécanique et sa texture unique en font un choix privilégié pour les sculptures, les pièces utilitaires robustes et les créations nécessitant de grands formats.

Conseils pratiques

Plus la pièce est épaisse, plus la montée initiale doit être lente.
Granulométrie de la chamotte : plus elle est grosse, plus la pièce tolère des montées rapides.
Atmosphère du four : oxydante pour un rendu clair, réductrice pour effets spéciaux (raku, enfumage).
Palier à 573 °C : certains céramistes marquent un court palier à cette température pour passer en douceur le point de quartz, réduisant les risques de fissures.

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